mercredi 8 septembre 2010

MERIDIAN BROTHERS (article en français)


Nourrie aux meilleures influences, entre poésie, humour, jazz, musique contemporaine et electro, la musique d'Eblis Alvarez détonne, dans un paysage musical colombien et latino plutot limité aux musiques traditionnelles, de danse et, dans les cas les plus limites et les plus novateurs, aux collages kitsch qui n'en reviennent pas moins au schéma d'une musique de danse, malgré leur originalité. Avec Alvarez, par ailleurs illustrateur talentueux, les amarres du "latinement correct" sont définitivement larguées. Et pourtant, on a affaire à une musique très colombienne. Un certain sens du rythme, lequel apparait déstructuré comme un vieux bus colectivo sans age à la conduite approximative et erratique, avançant par à coups, à la colombienne, pointe son nez. Nous l'avons interviewé à Bogota, et dans le WORLD SOUND#12 de septembre octobre, vous retrouverez un panorama de cette nouvelle creation. Vous trouverez les liens (sites et téléchargement) plus bas car blogspot bug comme un taré



Eblis, en écoutant Meridian Brothers, j’ai pensé a Laurie Anderson, que j’écoutais étant gosse, est ce que c’est moi qui l’associe avec l’enfance, ou ta musique a réellement un lien avec elle?

Beaucoup pensent à l’enfance en écoutant cette musique, effectivement. Je n’y avais pas vraiment pensé mais il y a beaucoup de matière qui, de par sa transparence ou son côté évident, peut évoquer des etats d’âme simples et joyeux, et ça on peut l’identifier à la musique infantile. Une musique ou un etat que ja qualifierais alors de gosse bourré, plutôt !

On dirait que tu travailles sur une ambiguité entre le merveilleux et le bizarre..

Des que j’ai demarré en 98, je voulais que la musique de MB soit bizarre et j;espere que cela sera encore le cas pendant longtemps. Le merveilleux je ne sais pas, je préfère dire “qui dénote”. Mais c’est le timbre qui a un grand rôle dans toute la structure de la musique qui est à la base de cela.

Il y a aussi cette recherche d’un mélange de textures entre instruments à vent et éléctronique...Comment en es tu arrivé à cela, a partir de ta vie a Bogotá, ton exil au Danemark...?

Il y a sept ans, j’étais au Conservatoire National du Danemark et dans mes compositions je recherchais des rythmes qui accélèrent et décélèrent tout en ne perdant pas la sensation de rythme et de pulsation. Quand j’ai trouvé une technique qui le permette je l’ai appliquée à tous mes projets, MB entre autres. Par contre je suis assez peu branché “electro”, a part lorsqu’il s’agit d’Autechre ou de Radiohead. Bogota m’a peu influencé sur la recherche de textures, mais par contre sur cette question de rythme, beaucoup.

Comment es tu arrivé au Danemark? Ta vie la bas?

Je suis arrivé comme boursier pour étudier la composition la bas. J’y ai pas mal bossé comme compositeur indépendant, sur des chorégraphies, de la musique contemporaine pour ensembles, sur des installations...J’ai même été chanteur de l’église protestante pendant 5 ans ! La bas, j’ai particulièrement aimé travailler avec Jomi Massage, avec qui je continue d’ailleurs. J’ai aussi aimé travailler avec le label Capo records (drole de nom pour un label danois de musique classique, ndlr), et la société des compositeurs danois, et aussi avec des chorégraphes suédois. La composition classique qui m’a valu mon diplôme aussi

Quelle différence dans l’approche du travail as tu constaté en Le Danemark et Bogota?

J’ai toujours eu l’”école de Bogota” comme base de ma formation: la débrouille et la diversité - souvent par nécessité ! Mais au Danemark j’ai appris ce qu’était le travail d’artisan des compositeurs qui vivent de leur métier. A Bogota je n’avais jamais eu l’occasion de faire un travail de compositeur sur commande, et cela a vraiment permis de me développer créativement. J’ai pu apprendre a mener des idées jusqu’a leur réalité concrète.

Revenons à ces albums de MB, “El advenimiento del castillo mujer” (L’avènement du chateau-femme) et “Este es el corcel que nos salvara de la hambruna y la miseria ” (Voici le coursier qui nous sauvera de la famine et la misère) comment fonctionne l’écriture, la composition ?

Chaque titre sui un chemin différent. Mais il y a quand même le point commun de l’utilisation de modes aléatoires de différents programmes. Parfois il y a la chance, le programme génère des trucs que je modifie en fonction du format que je recherche, de l’orchestration que je veux. Pour ce qui est des paroles, je recherche toujours une émotion en particulier, puis j’essaie de me créer de toutes pièces une situation ou des personnages qui lui donnent vie. Parfois ce personnage peut faire penser a des images répétées, quelque chose de cinématographique

Comment évolue MB d’un album a l’autre?

Je ne sais pas si cela “evolue”, je recherche juste un son un peu différent d’un album à l’autre. Dans “El advenimiento...”, le premier album, je recherchais des ambiances accoustiques impossibles et des orchestrations bizarres. Dans le second, “Este es...” je voulais évoquer certains clichés de la pop des 70s ici, un certain son “retro” tropical, le tout au sein d’un contexte éléctronique et des orchestrations que j’aime utiliser. Dans mes prochains projets, probablement irai je ailleurs..

Sur quoi travailles tu a part MB?

J’ai monté un trio, Los Pirañas, un truc de musique de fête un peu barré et dépravé, du bruit. Je joue la guitare, avec Pedro Ojeda a la batterie et Mario Galeano à la basse. Je joue également dans le projet de cumbia expérimentale de Mario justement, qui s’appelle le “Frente Cumbiero”. Je bosse un peu comme ingénieur aussi, je compose pour d’autres aussi

Quand on fait le tour des gens qui remuent les choses en Amerique Latine hispanophone, on fait assez vite le tour : Juana Molina, Mauricio Katz, Axel Krygier, Alejandro Franov en Argentine...et toi et tes amis ici. Qu’est ce qui empeche l’Amérique Latine de plus participer a cette scène experimentale?

Je crois que l’industrie de la musique s’est clairement divisée en canaux de commmunication dans lesquels chaque public est prédeterminé. Beaucoup d’artistes ici filent vers tout ce qui revient a quelquechose de pop. Les musiciens que tu mentionnes ont décidé de créer des genres plus ambigüs. Pour cela ils ont eu besoin de créativité mais aussi de techniques, surtout de techniques qui soient inventées par eux mêmes, pas une technique standard. Je crois que c’est là que réside le principal obstacle, la capacité à s’inventer des techniques et des langages propres, éviter les formules.

http://meridianbrothers.com
http://jomimassage.dk
http://rapidshare.com/files/417950477/08_Sostengan_Y_Alimenten_Al___ngel_Entusiasta.mp3

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